L'Affaire Bellounis et la Première Guerre Civile Algérienne

(1957-1960)

L'un des épisodes les plus sombres et les moins racontés de la révolution algérienne

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II-6- L'Affaire de Melouza

     A ce moment là, Mohamed Bellounis est obligé de se déplacer assez souvent pour faire face aux deux adversaires : le colonialisme et le FLN. Aussi, chercha-t-il à s’installer sur des positions clefs pour résister aux deux forces ennemies. Mélouza est sur la route du pétrole. Aussi, le FLN soutenu par Tunis et Rabat cherche à occuper cette voie pour pousser une pointe vers le Sahara. Cependant toute cette région était gagnée au MNA avant que Messali Hadj ne soit déporté en France en mai 1952.

Le FLN envoie ses bandes, il tente de corrompre la région et en fin de compte il joue de la terreur après ses insuccès. Mais on remarquera qu’il veut en finir et pour cela il va y mettre tout le paquet. Il va investir toute la région de Mélouza et à la veille de cette tragédie macabre il y a mille deux cent FLN pour tenter de vive force l’occupation de Mélouza et la reconversion de ses habitants aux principes du FLN. Ces bandes qui vont se livrer au carnage sont bien armées et arrivent fraichement de Tunisie. Le militant, le peuple Algérien et l’opinion internationale ont appris ces massacres de Mélouza avec une profonde indignation. Terrorisé par cette réprobation mondiale, le FLN s’est réfugié dans le mensonge.
Les maquis MNA dirigés par Bellounis étaient dans la région de Mélouza, c’est grâce à leur présence que ces massacres n’ont pas été plus grands.
Pour avoir une idée de la sauvagerie du FLN nous allons laisser la parole à un habitant de Mélouza qui par miracle a échappé à la mort alors que lui-même gisait blessé au milieu d’un monceau de cadavres.

« …Au lever du jour, mardi, raconte-t-il, j’étais dans mon gourbi lorsque j’ai été prévenu que des fellagas arrivaient de deux directions différentes. Ils encerclaient le village. Je reconnus tout de suite que c’étaient des Kabyles. Ils étaient en uniformes mais ils n’étaient pas seuls. Il y avait avec eux des gens du douar voisin de chez nous, notamment d’Ouled Djellal et de Samma. Certains étaient à cheval. Des hommes de notre méchta essayèrent de s’enfuir vers la montagne, mais il y avait des guetteurs disposés tout au tour et ils furent abattus à coups de feu. Ce sont les cavaliers qui entrèrent dans le village et firent sortir tous les hommes. Je fut emmené avec les autres au milieu des cris des femmes et des enfants. On nous poussa sur la piste de Mechta-Casbah. Un vieux de quatre-vingt-dix ans qui marchait courbé et trop lentement a été abattu.

            Quand nous sommes arrivés sur le piton de Casbah on nous a poussés à l’intérieur des Gourbis. Il était à peu près dix heures du matin. Nous étions une dizaine dans la maison où j’étais. Les fellagas se tenaient aux portes, ils avaient des mitraillettes, des pistolets et des fusils de chasse. Les gens du village voisins avaient des haches et des couteaux. Ils nous ont fouillé un par un prenant les montres, l’argent et les cartes d’identité.
            Vers cinq heures de l’après-midi, nous avions entendu un avion survoler le piton. Les fellagas se sont précipités sur nous ont pris nos burnous et les ont passés sur leurs uniformes .Nous disions si seulement l’avion pouvait tirer ! La moitié d’entre nous serait peut-être tués, mais les autres pourraient d’échapper dans le désordre. Puis la nuit est venue. J’étais accroupi à côté de mon cousin. A ce moment un fellaga est rentré avec une lampe électrique, nous a éclairés. J’ai vu derrière lui qu’un autre traqué sa mitraillette sur nous.

            Il commença à tirer. Mon cousin est tombé sur moi ; je suis rejeté en arrière et j’ai une balle dans le bras.
            Je suis resté immobile. On tirait partout autour de moi, je n’ai plus bougé. Au bout d’un moment j’ai senti qu’on me poussé le pied :(Le salaud il est encore en vie. Donne lui le coup de grâce). Il y a eu un coup de feu dans la nuit et la balle à traversé ma chéchia. Un peu plus tard, j’ai entendu au loin 4 détonations rapprochées. Un fellaga a dit que c’était le rassemblement. Il devait être onze heures du soir. Je suis resté une heure sans bouger, puis j’ai rampé sur les genoux. Il n’y avait que des morts autour de moi. Je suis parti dans la montagne et j’ai gagné la méchta Kouir le matin. Sept personnes de ma famille avaient étaient tués. »

Dès que cette affreuse nouvelle a été portée à la connaissance de l’Humanité, le FLN a eu l’audace de rejeter les accusations en demandant une Commission Internationale de Contrôle. Tantôt il accusa les Françaisd’avoir fomenté cette provocation, tantôt il se réfugia dans des diableries qui sentaient les contorsions de l’assassin. Cette gymnastique de la folie n’a trompée personne, car même dans les milieux FLN un profond mécontentement s’est manifesté. Quand les détails de cette tragédie furent connus on a su que le responsable du FLN de cette région, un nommé Sahnoun, avait fait rassembler les trois cents hommes du village pour leur demander instamment de renier Messali Hadj et de reconnaître le FLN. C’est sur leur refus que le massacre commença. En Algérie, les dirigeants FLN eurent énormément de difficultés pour essayer de donner des explications afin de calmer la profonde indignation du peuple Algérien. Le FLN escompta après ce massacre frapper de terreur la population de la région et même l’ensemble du peuple Algérien en vue de prouver sa puissance pour s’imposer.
Quelle a été la réaction de Rabah et de Tunis ?
Eux également ont essayé pour s’en tirer de supposer ou d’accuser et de tergiverser sans vouloir vraiment regarder en face le criminel ! D’ailleurs, ils ne le pouvaient pas puisque l’Istiklal et le Néo-Destour soutiennent à fond le FLN dans toute sa politique. Bien plus ils le reconnaissaient comme seul représentant du peuple Algérien. C’est précisément pour toutes ces considérations qu’on est en droit de se demander s’ils n’étaient pas complices. Puisque le pétrole et le Sahara sont à la base de ses massacres et puisque le Maroc comme la Tunisie revendiquent certains territoires algériens, on peut également trouver un lien entre la cause et l’effet.
Le Bureau Politique du MNA avait immédiatement réagi et a dénoncé cette ignominie. (Voir la déclaration du bureau politique du MNA dans les Annexes)

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